La Malle…

La Malle…

Enfant, je me trouvais souvent au bord de la rivière, dans les chemins, généralement solitaire…., au bord des ruisseaux. J’étais occasionnellement membre par ailleurs d’ une bande de copains, à parcourir les fossés remplis d’eau, à pêcher, chasser, construire, démolir, chaparder, etc.

J’ai plusieurs sœurs, toutes plus âgées, je suis le petit dernier. Je fouillais toujours partout dans la maison, cave grenier, bureaux, etc. Une enfance de jeux, mais pas vraiment joyeuse, une forme de mélancolie profonde, était là, sourde… De la vie quotidienne à la campagne, j’étais entouré d’objets divers, variés, des canimaux, des objets, oui, et des écrits, beaucoup d’écrits, je lisais énormément, je lis énormément.

Mon père censurait beaucoup nos lectures, j’ai transgressé très jeune, amateur vorace de BD que j’étais et de lectures subversives que je volais, généralement, dans les librairies de rue, chez les ouvriers (oui, les points presse pendant longtemps, à la campagne étaient logés chez des particuliers). Lorsque il les trouvait dans ma chambre ou plus généralement dissimulés, cachés, jugeant certaines de ces lectures subversives, immorales, mon père brûlait ces livres et magazines, dans la chaudière(Oui ! Genre FARENHEIT 451 !!!,tout simplement en Réalité!)…

Enfant, donc, de ma découverte de la grande maison où nous habitions, j’ai découvert au grenier, une malle, bourrée de vêtements féminins…, soies et dentelles, dessous de charme féminins. Je n’ai jamais su enfant la provenance de cette malle, mais tout récemment en fait, j’ai appris qu’elle provenait d’un héritage de ma mère, d’une cousine qui était dame de compagnie d’une personnalité très célèbre des cabarets parisiens au début du XXème siècle.

Au milieu de montagnes de livres, issus de divers autres héritages familiaux qui se mêlaient aux autres, plus contemporains, cachés au milieu (je m’y perdais souvent-mon père non, jamais !!!)Ce coffre de voyage, vous savez ces énormes malles de bois, cerclées de bandes de métal, parées intérieurement de tissu de tapissier…, très lourdes pour les grands voyages, ces malles cerclées de bandes métalliques…

J’ai commencé à toucher ces effets, tout en les manipulant, cherchant à leur trouver un sens, un usage, des origines…, découvrant leurs parfums, certains parfums… Je faisais bien sûr le parallèle avec ces corps féminins, qui m’entouraient au quotidien mais sans de tels accessoires que je sentais dépassés (les matières nobles, les guêpières, etc.), dont je devinais la destination et la charge érotique, féminine… Je pouvais faire le lien avec les gravures et photos, les magazines, les livres, les revues nourrissant ainsi mon imaginaire du support de mes vécus de jeune garçon, en chacun de ses effets.

Cela s’est passé avant la puberté, puis la puberté est arrivée… mais pour poursuivre ces découvertes, j’allais dans les armoires et commodes de mes sœurs, qui avaient elles aussi, leurs lectures, leurs transgressions, et leur lot de censures !!!!, leurs vêtements, aussi, leurs dessous, leurs accessoires féminins que je découvrais…

Mais ce sont bien les effets de cette malle qui les premiers ont enveloppé mon visage, parcourus mon corps, ces dessous intimes dans lesquels ont voyagé mes doigts ont deviné, découvert, ressenti, imaginé,. Mon ventre s’est éveillé : la puberté. J’ai commencé à me caresser d’interminables heures, en lisant, en enfouissant mes mains, mon sexe, mon corps, mon visage, m’enveloppant, de ces vêtements aux matières particulières et nobles imprégnées d’intime de ces tissus trouvés, à la recherche de sensations différentes, nouvelles des objets foisonnants contenus dans cette Malle en particulier, dans cet endroit discret…

Les lectures prenaient du sens de par le complément des sensations vécues. Et toujours ce contact avec la nature, plus que jamais même… Au fil du Temps et des ballades solitaires, les berges de la rivière me livraient des secrets, des caches…, où je dissimulais d’autres livres, d’autres lectures originales, plus érotiques, plus romantiques. La nature m’offrait de nouvelles sensations, plus aérées, plus physiques, sensuelles, charnelles, avec le contact de la végétation, de mon corps nu, de mon sexe, dans ces endroits, lumineux pour certains, plus obscurs pour d’autres ; certains avec des galets sur lesquels j’aimais m’allonger, d’autres avec de l’herbe haute, verte et épaisse dans laquelle je m’allongeais, sensuellement. Je me caressais alors longuement, lentement. Les vêtements, ces objets m’avaient transmis leurs charges et contenus intimes érotiques et féminins. À jamais, ils demeurent des objets, retrouvant leur banalité, l’essentiel ayant été transmis. Nul fétichisme n’aura vu le jour, mais combien de poésie!

J’aimais les levers de soleil, je me réveillai souvent bien avant le jour et je sortais en passant par la fenêtre de ma chambre, discrètement, pour aller à la rivière dans le levant et ne rentrer parfois que pour le repas, puis ressortais longuement encore jusqu’au couchant à l’écoute de la Nature, immergés l’un dans l’autre… Cela n’a pas changé!

Source: https://www.atramenta.net/lire/fragments-tranches-decouvertes/65738

A propos etoile31

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8 commentaires pour La Malle…

  1. Gemssa dit :

    Beaux souvenirs, que cette découverte qui a fait naître
    des fantasmes, surtout à l’âge de la puberté.
    Ca me fait remonter à la surface une semblable aventure.
    C’était à l’adolescence, donc aussi à l’éveil de la sexualité.
    J’avais été invité chez un copain. On discutait dans sa chambre,
    quand il a été appelé par ses parents qui jardinaient à l’extérieur,
    et qui avaient besoin de son aide pour quelques minutes.
    Il me laissa seul, la porte légèrement entrebâillée.
    Mon ami avait deux grandes soeurs. Elles étaient belles et avaient depuis longtemps,
    attiré mon regard et troublé mes sens. Malgré leur jeune âge, leur corps avait déjà les formes
    de jeunes femmes.
    Je remarquais que la porte de leur chambre, juste en face, était aussi à demi-ouverte.
    Je savais que c’était la leur. Je savais aussi qu’elles étaient absentes.
    J’étais donc seul pour un court instant dans la maison.
    Le coeur palpitant plus que la moyenne, je m’aventurais dans la chambre.
    Je rêvais, tout d’abord, devant leur lit, les imaginant à l’intérieur très peu vêtues.
    Devant les lits: une commode. Je me dépêchais d’ouvrir le premier tiroir,
    et avais de la chance de découvrir, du premier coup, les sous-vêtement d’une des deux soeurs.
    J’en retirais, parmi de nombreuses dentelles, un soutien-gorge, de couleur bleu-azur,
    ça reste gravé dans ma mémoire.
    Les bonnets étaient assez petits.Je portais le tissu, immédiatement à mes narines, pour humer
    fortement le parfum (sûrement de lessive et de chair mêlées). Je me souviens de cette belle odeur.
    J’inspectais, en même temps, de mes doigts, la douceur du tissu et des dentelles, en imaginant,
    ses seins dedans.
    J’enfouissais le soutien-gorge dans ma poche. Oui, je le volais. Il y en avait plusieurs.
    Je refermais le premier tiroir, avec délicatesse et ouvrais le deuxième.
    Là, même chance. Mon coeur battait toujours aussi vite, et j’avais une belle érection qui déformait mon pantalon. C’était la caverne d’Ali Baba. Une multitude de sous-vêtements, des culottes, des soutiens-gorge, des collants, des bas, aussi.Ils devaient appartenir à la deuxième soeur. Les bonnets étaient plus gros. J’avais, bien entendu remarqué cette différence entre les deux jeunes poitrines.
    Je saisissais un nouveau soutien-gorge, un rose, celui là. Et je faisais exactement, la même chose qu’avec le premier.
    Au bout d’un moment, je regagnais la chambre de mon ami. Il revint quelques minutes après. Ouf !
    Je n’arrêtais pas de penser, tout le reste de l’après-midi, à mon butin enfoui au fond de mes poches.
    Bien sûr que le soir,dans mon lit,sous les draps, je me suis caressé en parcourant les deux doux sous-vêtements sur ma peau…

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    • etoile31 dit :

      Halala! Comment dire, j’ai un peu raconté cela dans de précédents billets et articles autobiographiques, mais je suis né et ai grandi au milieu de Cinq Femmes, alors comment dire, entre le sang, les soies, les livres et les portes entrouvertes…., Holala!

      Oui, c’est Beau et riche de permettre l’activation de la Mémoire, c’est s’offrir à soi-mêmeune sacré nourriture pour vivre pleinement le présent! Je continue plus que jamais à vivre ces choses là, à plein…
      https://photos.app.goo.gl/gaSwkpQkzevncUtN7
      Le Vie s’honore et se célèbre chaque jour, d’autant plus en période d’équinoxe…

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  2. gemssa dit :

    Dommage qu’on ne sait pas qui c’est cette courtisane célèbre.
    Tu as bien de la chance de pouvoir humer tout ce contenu de cette malle.
    Un vrai collector érotique.

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    • etoile31 dit :

      Non, les derniers survivants qui on connu cette cousine sont six feet under! Nous allons prochainement emménager nous-même une belle sépulture sur la tombe de cette cousine qui a juste pour sépulture un monticule de terre sans même une plaque….
      J’ai bien tenté par déductions de retrouver des traces, mais de cette époque (Toulouse-Lautrec et Aristide Bruant en gros), les cabarets était légion en région parisienne… Ce qui est certain, c’est que ces effets intimes étaient très luxueux…, et d’une extraordinaire sensualité au toucher, tant pour les doigts, le visage que pour mon bas-ventre….

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      • gemssa dit :

        Je te comprends et je comprends tout l’effet que ça te fait.
        Il y a de célèbres courtisanes très jolies avec un savoir faire des plus talentueux
        pour amener dans leur filet de non moins célèbres gens de milieu aisé,
        elle en faisait peut-être partie.
        Et d’ailleurs des courtisanes, il en existe toujours, et j’ai pour elles une admiration sans limite, et pour les piégés, un sourire moqueur.

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        • etoile31 dit :

          Un piégé par une courtisane, cela n’a-t-il pas pour qualificatif un « mari »…., par hasard…? Parce que piégé par une courtisane, encore faut-il être volontaire, Hein, tellement on les voit arriver de loin de leurs minauderies et stratagèmes… Les plus célèbres, pour ne parler que de Mata Hari par exemple étaient avant tout utilisées pour justement leurs marivaudages en direction de ceux qui aimaient cela!!!
          Comme je ne sais rien de cette personne, cela demeure un mystère qui nourrit encore mes flux sanguins et ma mémoire cellulaire… Ce que je sais c’est que faute d’héritiers elle avait tout légué à cette cousine, dont cette malle et quelques magnifiques meubles et qu’à la dispartion de cette cousine c’est ma mère qui a hérité de la plupart de ses biens… Je pense qu’elle n’avait absolument rien d’une courtisane et que c’était tout simplement une artiste de cabaret.. C’est en tous cas ce qui m’a été rapporté… Ma cousine était sa dame de compagnie….

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          • gemssa dit :

            Ah ! J’avais cru comprendre que c’était une courtisane, donc, rien à voir, puisque c’était une célébrité de musical, ou cabaret, et que ta cousine était sa dame de compagnie. C’est ça Henri, ou je me plante encore ?
            Tu ne renifles tout de même pas, les affaires de joséphine Baker ou de Zizi Jeanmaire…ou ce sont les affaires, uniquement, qui appartenaient à ta cousine ? Le sujet me passionne, c’est pour ça, toutes ces questions, je m’en excuse.
            Pour revenir aux courtisanes (ça aussi, ça m’intéresse), elles n’étaient pas toutes des espionnes. Beaucoup charmaient un homme riche pour vivre aisées, et allaient chercher le bonheur du dessous de leur jupon, ailleurs.
            Je te mets en lien un sujet d’un blog que j’ai aimé lire, sur l’une d’elles, que tu connais. Je trouve l’article bien fait.
            http://www.misspandora.fr/miss-pandora-louise-ebel/liane-de-pougy-un-chef-doeuvre-libertin/

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  3. etoile31 dit :

    Oui, tu as bien confondu entre une célébrité des cabarets parisiens et une courtisane. Ma cousine était sa Dame de compagnie.
    Ce qui est certain, et cela je le tiens directement de ma mère et de mon père, ainsi que d’une de mes cousines récemment décédée qui connaissait bien cette personne à propos de cet héritage et de cette malle en particulier. La Malle n’avait jamais été ouverte, jamais fouillée et ma mère avait été très surprise de la voir un jour ouverte et ainsi remuée (de mon fait). Elle avait alors dit l’avoir un jour entrouverte mais jamais regardée en totalité de son son contenu. Et c’était bien les effets intimes de l’artiste et non de la Dame de compagnie qui était ma cousine, donc…..

    Suite à la lecture de l’article que tu as mentionné, je t’invite à écouter cette émission entendue hier en début d’après-midi, une émission passionnante que j’ai écouté depuis le début et qui explique ce privilège de fait attribué à larace blanche, et au genre masculin au détriment de toutes les races, de toutes les femmes et au seul profit d’une poignée d’humains blanc et exclusivement des hommes et bien sûr au nom de Dieu et de la démocratie, au nom de la liberté….: https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-l-eco/privilege-nom-masculin Une horreur, Invraisemblable! et pourtant bien réel, bien concret!

    Il est aussi question de l’emblématique image d' »Emma Bovary » dont tu connais l’effet qu’il produit sur moi en matière de sensibilité et notamment esthétique et artistique par les albums photos dont je t’i déjà communiqué certains liens…

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