Mes Relations Ô Masculin, #3/4

Mes Relations Ô Masculin

Collection « Ecrits Personnels »

En raison d’une disponibilité exceptionnelle et suite à une relation épistolaire et sentimentale particulière une amie m’a passé commande de récits personnels ayant trait aux hommes qui m’ont marqué dans la vie.

Hommes, Part Three

Ces étés furent donc l’occasion de totales et progressives immersions dans la nature environnante et foisonnante de mon lieu de vie : Forêts, Champs, rivières, ruisseaux, fossés, poubelles, carrières, ravins, etc.

Le village proche, la scolarité apportèrent progressivement l’occasion d’échanges réguliers avec les gars du village, du même âge. Ces contacts nous permettront la découverte de centres d’intérêts différents et complémentaires, entre vie sauvage et vie au village, pour en arriver à faire de chacun de nous de purs garnements !!!

Il nous fallait sans cesse chercher l’isolement pour faire nos 400 coups dans le village et/ou dans les environs, etc….

Chez moi, venait de se terminer une bâtisse de jardin flambant neuve, fermée à clé bien que dépourvue d’électricité, attenante au poulailler, dotée donc, de ce fait d’un niveau d’alarmes sonores naturelles hautement fiable, la poule, le canard, la dinde, l’oie et le lapin jacassant ou s’agitant au diable de concert dès qu’un intrus s’approchait, considéré à priori comme un garde-manger par eux, nous laissant toujours le temps entre le premier cri et la réalité de la présence « ennemie »(l’intrus-e), le temps de tous nous retrouver sagement assis autour d’un jeu de cartes dans la « baraque ». Et le temps de faire illusion !!!

Laquelle baraque fut très rapidement pourvue d’un haut niveau d’équipement mobilier et électrique, le tout en provenance directe du village où beaucoup d’habitants se sont longtemps demandé où avaient bien pu passer rallonges, meubles, lits, fauteuils, poêle à pétrole, tentures, etc.Le presbytère pour cette occasion avait été très soigneusement dévalisé à 100%!

Cet équipement justifié auprès de mes parents comme des donations en nature de la part de mes amis, nous permettait de vivre de superbes journées, soirées, week-ends, etc. hiver comme été… On a bien entendu parler quelque temps du cambriolage du prebytère, mais voilà, ce sont des choses qui arrivent…

Fréquenté exclusivement par des garçons, tous devenus garnements du village, nous avions ainsi plusieurs caches et lieux disséminés autour et dans le village avec un nouveau point de ralliement parfaitement équipé, et chez moi, sur cette immense propriété, un ancien et antique maraîchage.

Régulièrement, là, au secret nous partions à quelques-uns, toujours les mêmes à la découverte de nos corps…  Rares encore parmi nous étaient ceux qui avaient atteint la puberté ; aucun même… Alors c’étaient nos doigts, nos bouches, dans des éclairages très étudiés et sophistiqués, dans des tissus, des voilages, des jeux de textiles, nous faisions l’Amour, mimant ce que nous envisagions être l’Amour entre grands et grandes, entre filles et garçons, femmes et hommes…

Nous utilisions beaucoup les bougies et autres objets longs et ronds, pour nous découvrir et gémir longuement de ces pénétrations toujours très douces, langoureuses, parfois teintées de certaine ardeur bien masculine. Les jeux et leur intensité ont diminué lorsque l’un d’entre nous est allé rapporter à son frère ce que nous vivions ainsi ensemble. Il doit se souvenir encore avoir été attaché , en représailles, à ce que nous appelions alors le « Poteau de torture »,attaché à ce fût de bois au cœur du poulailler avec plusieurs chaines de vélo, puis le corps entier barbouillé de cirage et abandonné là, séparé de ses vêtements… Nous n’avons jamais su comment il s’était libéré ou bien avait été libéré…, fâché pour longtemps et disparu ensuite du village pour d’autres raisons bien sûr ! L’exemple du secret « à la vie /à la mort » avait été scellé entre nous tous… Nous avions déjà tous déjà mêlé notre sang à plusieurs reprises et à chaque arrivée d’un nouveau membre….en Frères de Sang !

Grandissant ainsi, des contacts avec quelques vrais voyous des alentours avaient bien évidemment été établis… Deux frères d’origine espagnole (toujours la Retirada) avaient régulièrement maille à partir qui avec la police, qui avec des caïds de la ville. Ces deux grands frères, aux physiques et toujours dans d’élégants et chics vêtements de vrais voyous, voitures de stars d’époque (Arondes, Mustangs, etc.), s’étaient pris d’affection pour moi et m’invitaient avec eux aux fêtes des villages environnants où coups à boire, tours de manèges, (auto-tamponneuses, etc.) . Tout était toujours gratuits pour eux, Angel et Joseph, idem pour les tirs à la carabine..,. Angel et Joseph étaient les plus forts au Punching-Ball et à tous les jeux de force sur les foires… En leur Présence, à leurs côtés,  je brillais…Fierté de cette amitié virile et visible auprès de mes copains ébahis, qui n’osaient les approcher, il faut dire que j’avais quatre soeurs…! J’étais un parfait outil d’approche du féminin familial…

La contrepartie, était pour eux l’accès au puits du jardin en totale liberté, ma présence leur permettant une caution ludique autour de ces puits où je n’ai jamais bien su ce qu’ils y cachaient et «recelaient ». Ils avaient toujours de très beaux blousons de cuirs, de très beaux foulards, généralement rouges au cou, des bijoux en or magnifiques. Même ma mère les trouvait beaux, mais ils avaient une attitude et un comportement des plus inquiétants et mon père les chassait agressivement dès qu’il les voyait…

On a retrouvé un jour tout le mécanisme d’un des puits au  fond du puits sans aucune explications. Ma mère était folle de rage car ce puits servait aussi de chambre froide grâce à son système de godets et il a fallu acheter un vrai réfrigérateur (celui où pouvaient enfin confortablement se loger poissons pêchés et oiseaux pris dans mes pièges). J’étais fasciné par Angel et il me rendait cette admiration par une profonde tendresse très affectueuse et très pudique. Il se battait beaucoup, de plus en plus, passait beaucoup de temps avec les gendarmes, la police, etc. Un homme, un rebelle, un sauvage. On l’a  retrouvé pendu un matin dans le grenier du domicile familial. Sur lui mort, dans son blouson, une lettre de reproche à sa mère qui lui prenait tout l’argent de son salaire d’ouvrier d’usine… Pathétique, dans cette famille d’immigrés espagnols, aimés tout autant que détestés de tous au village, tous les garçons de cette même famille sont morts, et tous de morts violentes.

C’est l’époque où ma mère adorait écouter avec moi, lors de longues  soirées passées ensemble sur une modeste chaine hifi flambant neuve: Léo Ferré, Jean Ferrat, Barbara, Serge Reggiani, Aragon, Apollinaire, Eluard, Jacques Brel, Verlaine, Rimbaud, Brassens et tous ces poètes mis en musique et interprétés… Ecoute partagée également de la sorte autour d’un antique poste de radio, poste à lampes de France Inter et de « Mystère, Mystère »- enquêtes policières sans fins, puis plus tard des premières émissions de José Arthur, de Claude Villers….Ma mère tricotait, reprisait, écrivait, en essayant de me maintenir dans un chemin de vie sociale à peu près droit en me sensibilisant à la poésie de la vie. Elle percevait chez moi, en moi, bien des difficultés d’adaptations à cette planète pour laquelle je semblais de plus en plus ne pas avoir été conçu…

Voilà la suite, l’avant dernière partie, donc……
La vie au village, la suite de cet écrit qui a été une commande comme un autre de ces écrits récemment mis en ligne, où il est questions de Femmes et d’Hommes dans un parcours de vie…..

A vous lire,

Amicalement,

Henri

A propos etoile31

Exister, Être, Vivre, Devenir, Prop-Oser, Réaliser, Enrichir, Aimer, Désirer, Échanger, Correspondre, Dialoguer, Choix, Libertés
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2 commentaires pour Mes Relations Ô Masculin, #3/4

  1. Gemssa dit :

    Ton apprentissage dans la vie a été, vraiment hors du commun.
    Même, si chaque ado de notre époque, a eu des aventures similaires.
    Je dois dire que les miennes ont été moins « extravagantes », mais, j’ai eu contact aussi avec la nature,
    dont les champs et ruisseaux ont disparu aux profits de constructions actuellement,
    eu contact également avec une bande de garçons, quand même un peu plus sage, mais pas claire, non plus, comme de l’eau de roche, par contre mes premiers émois, uniquement avec des filles.
    Et la découverte de la musique, comme celle que tu cites, a été faite avec mon grand frère, principalement.Mais nous étions une famille très musicale, si ça se dit.

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    • etoile31 dit :

      Tout se dit, bien sûr, oui, moi également en famile, je ne l’ai pas évoqué là, mais avec 4 soeurs toutes plus grandes, j’ai très tôt été immergé dans le phénomène « Yéyé » et les boums extravagantes où l’alcool coulait à flots et les garçons avec des mobylettes rutilantes et des bagnoles aux chromes étincelants…. Et c’est vraiment « là-dedans » que j’ai entendu les premières vraies musiques originales et différentes, pour beaucoup qui arrivaient de Londres directement, sans filtres!…
      Je dois dire que nous étions très mélangés filles et garçons et que l’on se tripotait vraiment beaucoup…..et partout!
      La Nature, oui, derrière notre génération, on n’a plus jamais viu d’enfants au bord de l’eau, dans l’eau et dans les chemins, les buissons comme nous le faisions, ils étaient déjà tous collés devant les écrans de télé et les premières peurs, se diffusaient, les premières diffusions d’affaires commencaient un profond travail de manipulations intellectuelles pour faire en sorte de respecter la condigne de « restez chez vous »… Efficace il faut dire… cinq ans plus tard, on ne pouvait déjà plus accéder à certains chemins fermés naturellement par la végétation… C’en était bel et bien terminé de la Nature et de son appropriation par les enfants… et de fait les futurs adultes…., un système vraiment très très bien organisé.
      De fait, j’ai été exclu très jeune du système colaire ordinaire…

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