Découverte à l’Instant (rédigé le 15 août!) de ce texte, en ce jour de Fête Mariale conventionnelle. Fête malheureusement et tristement cantonnée à une croyance religieuse. On y lit un récit d’une parabole de type chamanique à base du Centre et du Coeur du Corps, C’est vraiment beau et riche en guidance éthérée et très charnel, du Sang jusqu’au Chant en passant par la Danse, et encore Marie-Madeleine pour le Voyage en compagne d’Isis…:
« La pulsation de l’Utérus »
Un matin, au réveil, je sentis une odeur spéciale sur mon corps, et ma natte était tachée de rouge. Ravie, j’appelai la prêtresse qui s’occupait de nous afin qu’elle vienne constater : enfin, mon sexe avait délivré le sang, j’allais quitter la section des fillettes et rejoindre mes amies plus âgées déjà parties.
Le premier sang était un événement fondamental dans le Temple. Je fus menée dans une minuscule pièce chaude, douce et confortable comme un cocon, et pendant les trois jours où le sang coula, une prêtresse m’enseigna comment le récolter minutieusement, comment ouvrir et fermer le périnée, le muscle qui fait office de porte du vagin, afin de contrôler l’écoulement du sang et ne pas perdre de substance. Quelques gouttes furent diluées dans une grande jarre d’alcool où se mêlaient déjà les premiers sangs des autres prêtresses. Une part fut versée au pied du plus grand balsamier. Puis le reste du sang fut séché et je le conservai précieusement dans une petite amphore d’argile : il allait devenir un support essentiel lors de rituels initiatiques de la prêtrise.
La puberté marquait le passage primordial au service de la Déesse. Quand le sang eut fini de s’écouler, je rejoignis une partie du Temple où étaient cloîtrées les jeunes femmes durant l’initiation à la pulsation de l’Utérus.
Deux pièces mitoyennes constituaient le nouveau cadre de ma vie. La première était un dortoir rectangulaire où les nattes étaient collées aux murs, c’était l’espace de vie profane où nous dormions, mangions, échangions. La seconde était réservée à la pulsation de l’Utérus : c’était une pièce centrale du Temple.
Quand j’arrivai dans la pièce de vie, je fus frappée par la beauté émanant des femmes présentes. Je retrouvai des amies arrivées avant moi et je vis combien elles avaient changé depuis notre séparation. Je fus lavée soigneusement par les jeunes prêtresses, ointe et parfumée, puis mise au centre du cercle des femmes et accueillie dans cette nouvelle période de ma vie. L’odeur forte de l’onguent m’enivrait. C’était de la myrrhe, et j’appris que nous devions toujours nous en oindre avant d’entrer dans la pièce réservée à la pulsation de l’Utérus, car la myrrhe est la plante associée à cette magie, avec la rose et la grenade.
Apprêtées, nous entrâmes en silence dans la pièce sacrée. Elle était circulaire, enduite de terre, en forme de sphère, de matrice, son unique paroi nue peinte en rose clair et lie-de-vin dans des motifs ondulants. Au milieu s’élevait un grand feu dont les flammes changeaient de couleur alors qu’une femme l’entretenait, l’attisait et le parfumait en lui offrant le kyphi, mélange d’essences aromatiques.
Nous nous installâmes en cercle, derrière une rampe circulaire métallique fichée au sol. Personne ne me donna la moindre consigne ; je vis les femmes autour de moi poser leurs mains sur la rampe et fermer les yeux, puis un chant grave retentit du fond de leurs ventres. La flamme du feu se figea, en suspens tout comme je l’étais, puis le chant s’amplifia, la flamme s’éleva, et une chaleur intense monta le long de mes jambes. Je me sentis devenir le feu, puis je fus secouée d’un spasme du périnée. Abasourdie, je perçus que mon sexe s’ouvrait et je chantai à l’unisson des autres femmes, puis un second spasme me souleva, alors j’agrippai la rampe et, cessant de réfléchir et d’observer, je me laissai emporter par la pulsation sauvage qui animait mon corps. Je dansais intérieurement, un rythme viscéral, primal me transportait sur des vagues inattendues. J’avais la sensation de naître, de découvrir un pan majeur de la vie. Je me laissai engloutir dans le rythme et bientôt submerger de jouissance. Je tombai à genoux, je réalisai que je ne pouvais pas arrêter le mouvement de mon corps, ma volonté n’avait pas de prise sur l’énergie qui m’animait intérieurement tout comme elle animait les autres femmes. Alors je me laissai être le réceptacle de ce rythme, cet orgasme, cette réjouissance. La séance dura longtemps, plusieurs heures, puis peu à peu le mouvement s’adoucit et je lâchai la rampe, m’allongeant délicatement sur le sol pour trouver une immobilité étrange et pleine, contrastant avec l’intensité du mouvement rapide et puissant qui m’avait soulevée. Dans ce calme, ma conscience s’échappa, et quand elle revint je me trouvais seule dans la pièce avec la gardienne du feu. Voyant mes yeux ouverts, elle s’approcha doucement de moi, m’aida à me relever et me félicita, puis elle m’accompagna jusqu’au dortoir où je me couchai jusqu’au lendemain.
Je demeurai trois ans dans ce secteur du Temple, apprenant à recevoir et canaliser la force sexuelle. J’y vivais avec celles qui comme moi entraient dans la puberté, et avec les prêtresses dont la fonction était de recevoir, faire circuler et déployer la puissance féminine. C’était une pièce centrale du Temple car nous y captions l’énergie fondamentale. Il fallait qu’il y ait toujours des femmes résidant dans cet espace afin que le Temple fonctionne selon la demande d’Isis. Les autres prêtresses venaient nous y rejoindre pendant trois jours du cycle menstruel, lors de la période de l’Œuf, et alors le Temple devenait une centrale énergétique rayonnant bien au-delà de ses limites physiques.
La Kundalini féminine était la médecine principale pour équilibrer nos corps physique et psychique, et notre œuvre majeure de relais de la Présence d’Isis sur Terre. Ouvertes en réceptivité, nous nous laissions animer par les vagues orgastiques issues des profondeurs terrestres, qui remontaient le long de nos racines énergétiques et œuvraient à travers nous.
En l’invoquant, les prêtresses expérimentées faisaient jaillir la pulsation primordiale émise depuis l’intérieur de la Terre, et nous la recevions dans nos sexes, où elle se condensait et se fortifiait avant d’être diffusée dans l’ensemble de nos circuits énergétiques, de l’ADN mitochondrial de nos cellules, de nos organes et de nos champs. Cette énergie sexuelle, que vous pourriez aujourd’hui appeler Kundalini féminine ou Shakti selon les termes sanskrits venus d’Inde, est une énergie intelligente qui harmonise le corps de la femme, le guérit, le régénère, l’informe et le maintient en harmonie vibratoire avec les mouvements telluriques profonds, de l’intérieur de la Terre, de la matière de la planète. Nous découvrions notre sexualité dans la communion avec tout le vivant, en relais entre Ciel et Terre.
Nous apprenions à accueillir cette énergie, à lui permettre de circuler à travers nos réseaux énergétiques et physiques, à nous en remettre à elle pour s’occuper de notre santé et de notre avancée spirituelle. Cette énergie était le pilier de la prêtrise d’Isis, notre socle commun. Nous étions transportées simultanément, au même rythme, dans une jouissance infinie, sans stimulation extérieure, soulevées par les vagues telluriques qui affluaient dans le Temple, l’illuminaient et le hissaient hors du monde sensoriel ordinaire, dans la félicité et l’orgasme universel. Cette jouissance était notre Grâce et notre premier apport au monde. Par elle nous élevions le taux vibratoire global et nous devenions la Déesse reliée à l’immensité, à l’Un. Nous revenions à l’Origine.
La sexualité ne dépendait pas d’une relation avec une autre personne, de fantasmes, de sentiments, d’excitation extérieure, de besoins physiques à assouvir. Elle n’était pas liée à une notion de couple et d’attachement. Notre sexualité était l’œuvre de la Déesse en nous. Elle avait pour but premier de nous aligner et de nous harmoniser sur le rythme de l’Univers. Nous ne dépendions pas des hommes pour jouir. La jouissance était de s’offrir entièrement à la pulsation de Vie que nous offrait la Déesse.
Dans le monde dans lequel tu vis, cela paraît impensable. Vous avez associé à la sexualité des notions de couple, des représentations associées au bien et au mal, des interdits, des défis, des attentes, des tabous, des fantasmes, des perversions. Il n’y a plus rien de divin dans la sexualité de ton temps, si ce n’est parfois cet éclair dans l’orgasme qui soudain vous projette de nouveau dans l’harmonie universelle, pour quelques instants.
La sexualité était en premier lieu une relation avec le Divin, avec la Terre et le Ciel qui se rencontraient à travers nous pour s’aimer tout simplement. La Puissance qui se condensait en ces moments, l’énergie véhiculée à travers le corps féminin, et en premier lieu l’utérus, est comparable à la force qui fait naître les astres et engloutit d’autres astres dans les trous noirs.
C’est précisément cette force que les clergés des religions patriarcales triomphant lors du cycle suivant ont cherché à tout prix à briser, car ils la craignaient, ne pouvaient ni la maîtriser ni l’égaler. On retrouve toutefois dans certaines des traditions patriarcales tantriques cette tentative de contrôle, notamment dans les pratiques orientales où l’homme initié utilise de jeunes femmes à son profit sexuel, s’efforçant d’en tirer la manne, la quintessence par des pratiques de détournement.
Cette force sexuelle se constitue en premier lieu par l’accueil et l’abandon de la femme envers la montée de Kundalini terrestre. Dans cette partie du Temple, nous pratiquions toutes sortes d’exercices, de disciplines, afin de maîtriser en nous la posture intérieure d’abandon qui permet à cette force de se manifester. Nous apprenions aussi à communiquer avec cette force intelligente, à la faire circuler dans nos circuits énergétiques, à lui permettre de monter le long de nos corps pour atteindre le centre de la tête où elle nourrissait alors nos corps invisibles.
Toutes les prêtresses du Temple étaient calées non pas sur les rythmes lunaires, comme cela est cru aujourd’hui, mais sur les rythmes solaires, soit environ 25 à 26 jours par cycle menstruel. Toutes les femmes étaient réglées sur le même rythme, et nous avions des activités précises selon les phases du cycle. Ainsi dans les trois jours de l’Œuf s’exprimait l’acmé de la vibration sexuelle. Aujourd’hui vous associez Isis et le féminin à la Lune, mais il n’en fut jamais ainsi. L’astre maître d’Isis est la Terre vivante. La Terre est une planète exceptionnelle ; ses équilibres lui permettent une expérience rare et précieuse : celle de la Vie matérielle dans de nombreuses formes et de nombreux règnes simultanément. »
Merci Henri de ce partage.
Tout d’abord une jolie histoire pour illustrer
les réflexions qui suivent.
Ca explique aussi le lien très étroit entre l’âme et le sexe.
On croit tout connaître du sexe (c’est sûrement faux),
mais par contre, on ne connait pas tout du cerveau, de sa puissance.
Je suis solaire, donc j’ai porté une attention particulière à ce billet.
Même si, je pense que la force sexuelle peut être solitaire, mais aussi partageuse.
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C’est une Belle histoire de l’Antiquité oui, Une libre interprétation de l’histoire inventée de toutes pièces à propos de Jésus, de Marie de Dieu et de tout le bordel qui arrive depuis… Là, c’est la légende de Marie-Madeleine, une des petites amies du ressuscité.
Ce qui est intéressant au travers de l’Archétype de ce Féminin, c’est la recherche qu’a effectuée l’auteure sur Les écoles d’Isis, Isis une Déesse Égyptienne, autre Archétype du Féminin, qui ravive les morts et la virilité de son époux perdu! Les écoles d’Isis, répandue dans tout l’empire romain que les romains ont décidé de fermer car elles valorisaient les enseignements des Femmes pour les Femmes, notamment par la sexualité, mais aussi par les transmissions des apprentissages médicaux ancestraux, ce qui remettait en cause le pouvoir des hommes…
Toi qui dit être « Solaire », cette Déesse est représentée avec un disque solaire en Couronne au-dessus de sa tête. Si ce genre d’histoire t’intéresse, ici, une émission radio passionnante: https://www.youtube.com/watch?v=sbTymoLWHi8
Concernant la sexualité, je partage complètement la pratique sexuelle onaniste partagée, c’est d’une Beauté à nulle autre pareille…, encore un des enseignements interdits comme celui d’être soi-même.
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